Chez Solinest, on garde l’esprit pionnier : après avoir distribué Ricola sur le marché français, la société haut-rhinoise s’est attachée à construire sa stratégie en diversifiant sa gamme avec des produits naturels. Bertrand Jacoberger, son président, répond à nos questions.

L’an passé, vous avez fêté les 50 ans de Solinest. Le fait que l’entreprise ait conservé sa dimension familiale explique-t-il sa capacité à se montrer aujourd’hui aussi innovante ?

Soit on est entrepreneur, soit on ne l’est pas ! L’innovation, on la trouve dans l’ADN de l’entreprise. En s’appuyant sur la création, Solinest recherche de nouveaux concepts et produits pour les introduire sur le marché français. Ricola a été la première marque que nous avons lancée en France. Un grand succès qui a ouvert la catégorie des bonbons fonctionnels. Ça a été la base de l’entreprise, mais la croissance s’est faite avec le développement de Wrigley en France, leader mondial du chewing-gum qui n’était pas présent sur le marché français avant 1986-87. Nous avons profité de l’ouverture du marché du chewing-gum sans sucre, puisqu’à l’époque il n’était pas autorisé, pour lancer la marque Freedent. Ça a été un énorme succès qui a permis de devenir l’acteur référent d’un marché qui a été doublé. Cet accélérateur nous a permis de devenir leader des devants de caisses. Nous sommes passés des sachets aux petites boîtes, ce qui a fait de nous le leader de la confiserie de poche. Historiquement, nous étions déjà présents dans le domaine des boissons chaudes avec la marque de thé Tetley, numéro deux mondial, Ricola et les boissons chocolatées Van Houten, mais il y a six ou sept ans, nous avons souhaité nous positionner dans d’autres catégories porteuses. Donc nous avons élargi la confiserie au snacking.

Vous dites vous-même que la force de Solinest sur 50 ans, c’est de sentir la tendance. Quelle tendance se dégage aujourd’hui ?

La naturalité est une tendance qui se dégage très clairement ; le consommateur est en attente de produits plus naturels et sains. À cela s’ajoute la recherche de produits pratiques, de convenance. Le snacking induit la notion d’impulsion, l’une de nos forces. Des choses existaient déjà, mais d’autres restaient à inventer. Nature Addicts a été créé en réponse à une crise, que l’on a connue il y a maintenant sept ans. Nous avons décidé de proposer un choix plus large de produits aux consommateurs en caisse. Dans certains pays comme le Canada, la Nouvelle-Zélande et l’Australie, il existait des snacks à base de fruits. Nous avons réfléchi à un partenariat en R&D avec des Néo-Zélandais pour créer Nature Addicts sur un site européen et l’aventure [N.A!] a débuté. Le fait que le produit soit bon, visible en caisse, avec un packaging séduisant, a tout de suite abouti à un beau succès non seulement en France, mais aussi dans les pays voisins comme l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche ou la Slovénie. Dans un second temps, nous l’avons lancé au Japon, en Corée et aux États-Unis. Nous continuons à développer ce concept en recherchant des ingrédients aux propriétés intéressantes. Notre challenge est d’arriver à les rendre fins et gourmands en évitant les conservateurs et les technologies chimiques.

Une manière pour vous de renouer avec les valeurs des produits Ricola…

Oui, nous sommes tout à fait conformes à notre ADN. Nous avons des axes de développement très forts, dans les produits à base de noix de coco (avec la marque Vaïvaï), de pistaches, d’amandes et de laits végétaux, dans le cadre de partenariats avec Wonderful Brands et Alpro. Depuis cinq ans, un partenariat avec Starbucks nous a ouvert l’univers des produits frais à base de café, en France et en Belgique. Avec la marque anglaise de chips Tyrrells, nous avons élargi notre offre de produits dits premium, haut de gamme, de qualité accessible. En un an, le chiffre d’affaires de Solinest est passé de 300 à 360 millions, et pour l’année à venir, nous prévoyons un taux de croissance équivalent à 20%.

L’interjection utilisée pour la marque [N.A!] souligne l’idée d’une halte à la malbouffe,

mais vous allez plus loin, puisque vous investissez le champ de la culture par le biais de Nature Addicts Fund, un fonds qui vise à soutenir la jeune création artistique et à promouvoir la sauvegarde de l’environnement.

Je préside La Filature à Mulhouse depuis dix-huit ans, je me suis toujours intéressé au monde culturel, du spectacle vivant aux arts plastiques. Je me suis dit qu’il pouvait être intéressant de développer une action de sensibilisation du public sur les grands enjeux de société, notamment le réchauffement climatique. Nous organisons des expositions, des événements dans le cadre de grandes institutions comme la Documenta à Kassel. En associant les collaborateurs de l’entreprise aux actions de la fondation, la dynamique est à la fois interne et externe. Nous avons été pionniers et il n’y a rien de tel que la médiation de l’artiste pour faire adhérer les consommateurs et modifier la perception de la marque.

Par Emmanuel Abela et Séverine Manouvrier
Photo : Thierry Gachon / L’Alsace


 Cet article est extrait du magazine hors-série ADIRA-ZUT ! 2016 dédié à l’attractivité économique de l’Alsace.

 

 

 


 

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