À la tête du développement de Fehr Group, entreprise familiale alsacienne fondée en 1960 et spécialisée dans les solutions béton innovantes, Laurent Fehr incarne une approche industrielle tournée vers l’avenir, à la croisée des enjeux économiques et environnementaux. Sous son impulsion, le groupe a récemment été récompensé par le Trophée de l’Innovation technologique pour ses avancées en matière de décarbonation du béton. L’ADIRA, accompagne cette dynamique en facilitant les synergies locales et les projets structurants sur le territoire alsacien.

Partenaire fondateur du classement Choiseul Alsace 2025, l’ADIRA s’engage aux côtés des jeunes dirigeants qui façonnent l’avenir économique du territoire. Le classement repose sur une méthodologie rigoureuse, fondée sur l’analyse de divers critères : âge (moins de 40 ans), responsabilités exercées, impact économique, engagement territorial, leadership, et prise en compte des enjeux environnementaux et sociétaux. Forts de notre lien quotidien avec les entreprises du territoire et leurs décideurs, nous avons souhaité valoriser à travers cette série d’entretiens les parcours inspirants des jeunes leaders alsaciens d’aujourd’hui et de demain.

ADIRA : Vous êtes lauréat du classement Choiseul, félicitations ! Pouvez-vous nous donner un rapide aperçu de votre parcours ?
LF : Je suis issu d’une famille d’industriels ancrés en Alsace depuis trois générations. Le groupe FEHR est une entreprise familiale au sens fort, où plusieurs membres de la famille sont engagés. Ce que nous faisons, nous le faisons en équipe, dans un esprit de continuité et de responsabilité partagée.

Après une formation en ingénierie, j’ai rejoint l’entreprise pour m’impliquer à mon tour. Je poursuis aujourd’hui un travail engagé depuis longtemps au sein du groupe : celui de l’innovation.

Je m’occupe plus particulièrement des sujets liés à la R&D, aux nouveaux produits et à leur mise en place de l’étude jusqu’à la pose.

Mon rôle s’inscrit dans une histoire plus large, avec la volonté de rester fidèle à nos valeurs fondatrices tout en préparant l’entreprise pour la transmettre à la 4G (4e génération de l’entreprise).

Quelle est votre perception de l’économie alsacienne ?
Solide, diversifiée et profondément industrielle. L’Alsace a su préserver ses savoir-faire tout en développant des filières de pointe. Il existe ici une culture du travail bien fait, du lien de proximité, et une vraie capacité à collaborer entre acteurs publics, privés et territoriaux. C’est un terreau exigeant et porteur.

Pouvez-vous nous parler d’un projet marquant que vous avez mené ?
Ce qui me tient le plus à cœur aujourd’hui, c’est notre engagement dans la transition écologique du béton. C’est un sujet de responsabilité. Il faut sortir de l’idée que le béton est figé, condamné à être polluant. Ce n’est pas vrai. Il évolue, et nous en faisons la démonstration chaque jour.

Concrètement, nous travaillons sur la captation de CO₂ dans nos déchets béton, que nous transformons et revalorisons en boucle courte. C’est une forme de recyclage actif, au cœur de notre démarche.

Nous avons aussi engagé une collaboration avec Materrup, qui propose des bétons à base d’argile. Ce sont des formules révolutionnaires, parmi les plus bas carbone au monde.

Et enfin, nous accélérons sur les solutions de murs et de dalles hors-site, qui réduisent la pénibilité et accélère les chantiers de 60 %.

Quels sont, selon vous, les spécificités ou les atouts de l’Alsace qui ont favorisé ce projet ?
Notre histoire commence juste après la Seconde Guerre mondiale. Mes grands-parents, comme beaucoup d’Alsaciens à cette époque, n’avaient pas grand-chose, mais une volonté énorme de reconstruire. Ils ont récupéré des surplus de l’armée américaine pour lancer une petite activité de construction. Pas de business plan, pas d’investisseurs, juste de la débrouille, du courage et beaucoup de bon sens.

Cette résilience, je pense qu’on l’a profondément intégrée. Elle fait partie de notre manière d’aborder les défis, encore aujourd’hui. On ne s’est jamais contenté de subir le marché. On l’a observé, compris, parfois transformé. Et cette capacité d’adaptation, je crois qu’elle est typiquement alsacienne. C’est un territoire où l’on valorise le travail, la précision, l’humilité aussi. Un territoire qui a toujours dû composer avec les frontières, les cultures et les bouleversements.

Crédit photo : Fehr Group

Comment l’ADIRA vous a-t-elle accompagné dans votre parcours ou vos projets ?
L’ADIRA joue un rôle d’interface décisif. Elle nous a permis de faire le lien avec des partenaires techniques, des institutions et des projets structurants sur le territoire. C’est une présence précieuse, à la fois discrète et efficace, toujours orientée vers la solution.

Comment votre organisation s’adapte-t-elle aux grandes transitions actuelles (écologique, numérique, sociale) ?
J’ai précédemment présenté notre importante mutation vers la décarbonation du béton. Pour ce qui est du numérique, nous intégrons aujourd’hui l’internet des objets et les nouvelles applications de l’IA, notamment dans le pilotage de nos centrales à béton autonomes. L’objectif est simple : du béton pour tous, tous les jours, à toute heure, et moins cher qu’en grande surface.

Sur le volet social, il n’y a pas d’entreprise sans projet humain.

L’objectif, ce n’est pas de cocher des cases RSE. C’est de donner du sens. Offrir à chacun un cap, une mission qui dépasse la production pure : construire mieux, plus durablement, pour les générations à venir.

On reste une boîte familiale, ancrée dans son territoire. Beaucoup sont là depuis longtemps, parfois père et fils. Cette fidélité, on la cultive. On forme, on transmet, on fait monter en compétence ceux qui le veulent. On essaie de donner de la place à tous, y compris à ceux qui ne rentrent pas dans les cases.

Et puis, on parle franchement. Le travail est exigeant, mais il a du sens. On construit du solide, du durable.

Comment le fait de vivre en Alsace a-t-il influé sur votre réussite ?
L’Alsace, c’est un territoire de rigueur, de culture, de patrimoine, de beauté… et de goût !
Un mélange subtil, et un terreau important pour toute entreprise.

Si vous deviez convaincre un jeune talent de s’installer en Alsace, que lui diriez-vous ?
L’Alsace, c’est une terre d’audace discrète. On ne fait pas de bruit, mais on avance. On ne promet pas tout, mais ce qu’on dit, on le tient. C’est un territoire où tu peux te construire, avec du fond, de la rigueur, et une vraie qualité de vie.

Le cas échéant, quels ponts avez-vous créé entre l’Alsace et d’autres écosystèmes économiques ?
Nous avons lancé un start-up studio interne au groupe avec plusieurs partenaires, FOGO, MOEBIUS, DUN et BÉTON DIRECT, pour créer un vrai pont entre l’industrie et les écosystèmes de l’innovation.

L’idée est simple : utiliser notre ancrage alsacien et notre expérience terrain pour nourrir des projets ambitieux, agiles, tournés vers la construction de demain.

On sort de notre silo industriel pour travailler avec des profils tech, design, logistique ou environnement, dans une logique de complémentarité. Ce sont des liens vivants, efficaces, et qui nous obligent à rester curieux, rapides, réactifs.

Un mot pour la fin ?
Des camions verts, des équipes soudées, du béton soigné… et cette idée qu’en faisant les choses bien, on peut aller loin.

Un grand merci à Laurent Fehr pour ses réponses !

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