L’École de Management Strasbourg est une business school. Elle est aussi beaucoup plus que ça : elle produit de la connaissance en management, construit des réseaux avec ses 2000 entreprises partenaires, innove en pédagogie pour ses 3000 étudiants.

Isabelle Barth, directrice générale, veut faire de cette école un hub. Rencontre avec une femme chercheuse et déterminée.

La signature de l’Ecole est « be distinctive ». Qu’entendez-vous par là ?
Avec « be distinctive », nous nous adressons à chaque personne. Nous disons aux étudiants : il n’y a pas de parcours de vie standard. Partez de VOUS, de vos envies, de vos compétences, et construisez vos projets de vie personnels et professionnels en fonction, pas à partir des fantasmes qu’on a pour vous.

Qu’est-ce qui caractérise un bon manager ?
Un bon manager est capable d’avoir une vision, de tenir le cap en ayant l’intelligence des situations et le souci des ressources. Un bon manager inspire confiance à ses collaborateurs, un grand manager leur donne confiance en eux.

Comment l’EM Strasbourg mène-t-elleson travail avec ses partenaires ?
Nous sommes en partenariat avec plus de 2000 entreprises. Nous travaillons en co-construction avec elles tout au long de notre chaîne de la valeur : pour l’insertion professionnelle, l’élaboration des programmes et la recherche en lien avec leurs attentes sur des thèmes comme les discriminations dans l’emploi, les innovations en supply chains* ou le mutualisme bancaire. Cela se concrétise par toutes sortes de passerelles, dont les chaires d’entreprises.

Vous développez donc des formations avec les entreprises du territoire ?
500 cadres d’entreprises interviennent dans nos cours. Ils sont là dès les entretiens de recrutement, mais aussi pour les « découvertes métiers », les « forums métiers », les stages et les apprentissages. Nous travaillons à la fois notre ancrage régional et notre développement à l’international : ces deux pôles ne s’opposent pas mais au contraire se renforcent constamment.

Vous mettez l’industrie en avant sur votre site. Pourquoi ?
Les étudiants vont vers ce qu’ils connaissent : les produits de grande consommation. Or il y a beaucoup d’opportunités dans l’industrie. Nous choisissons d’être en phase avec le marché du travail. Nous organisons des Onsite training days* qui sont des cours en entreprises comme récemment chez Smart ou chez Hager.

En termes de parité, le constat aujourd’hui reste que plus on grimpe les échelons, moins il y a de femmes. Quelles réponses avez-vous ?
Les années passent et le plafond de verre est toujours aussi présent pour les femmes. Les études montrent qu’on fait avancer les comportements avec trois leviers : l’exemplarité en montrant qu’on peut être une femme, une mère de famille – j’ai moi-même 6 enfants – et faire une carrière ; en disant aux femmes : « Osez », car elles sont trop souvent dans l’autocensure, et en rappelant aux hommes que l’égalité se construit ensemble.

Y a-t-il un management 4.0 ?
Trois points nous amènent à revoir notre façon d’enseigner. La globalisation : nos étudiants nous interpellent sur ce qui se passe ailleurs, en Corée, aux États-Unis, en Argentine… Ensuite, il y a la numérisation : depuis 1995 le savoir est partout. Cela nous fait pratiquer par exemple ce que l’on appelle « la classe inversée ».

Enfin nous travaillons sur les soft skills*. C’est peut-être ça le management 4.0. Les compétences dures, nous les enseignons car un diplôme est un passeport de compétences. Aujourd’hui, ce qu’attendent les entreprises, ce sont ces compétences non-codifiées qui s’apprennent en dehors des salles de cours : l’audace, la capacité à aller vers l’autre, le charisme…

Quelles sont vos sources principales d’inspiration ?
Si on est collé contre un tableau d’impressionnistes comme Monet ou Pissarro, on ne voit que des petites taches de couleur. Ce n’est qu’en se décollant qu’on voit le tableau dans son ensemble. Je puise dans la philosophie, la psychanalyse. Les musées, le sport, les voyages, l’humour sont aussi des sources d’inspiration. Il faut chausser d’autres lunettes que celles qu’on utilise tous les jours pour éviter de reproduire ce qui s’est déjà fait. Les best practices* me font peur.

Comment envisagez-vous l’avenir de l’école dans 10 ans ?
Un hub*, une école globale, connectée sur le monde et le savoir sans contraintes de temps ni d’espace. Des vitres, des plantes, des espaces de co-working et d’échanges ouverts 24 heures sur 24. Un lieu et une plateforme virtuelle où surtout, on vient apprendre à apprendre et à désapprendre, et cela tout au long de la vie, sans limite d’âge.

Glossaire

Hub : Plaque tournante
Supply chains : Chaînes logistiques
Onsite training day : Journée de mise en situation et études de cas en entreprise
Soft Skills / Hard Skills : Compétences douces / compétences dures
Best practices : Pratiques exemplaires

Par Marie Bohner
Photo Henri Vogt


 Cet article est extrait du magazine hors-série ADIRA-ZUT ! 2016 dédié à l’attractivité économique de l’Alsace.

 

 

 


 

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