Zénith Strasbourg Europe : « fleuron » du genre (extrait ADIRA – Zut ! n° 9)
Inauguré en 2008, cette « lanterne d’Aladin », selon son architecte Massimiliano Fuksas, est aujourd’hui dirigée par Sylvie Chauchoy. Celle qui a pris les rennes du Zénith en 2010 après près de 20 ans aux Eurockéennes nous éclaire sur la place qu’occupe désormais le Zénith à Strasbourg et dans la grande région.
C’est quoi le concept « Zénith » ?
Le concept de « Zénith » est né en 1981 sous l’impulsion de Jack Lang. À l’époque, les grosses productions se jouaient dans les palais des sports – des lieux pas du tout adaptés au spectacle. Le monde culturel s’étant développé avec l’arrivée de Mitterrand, les gens du spectacle ont créé un cahier des charges pour une salle de spectacle qui s’appellerait « Zénith ». 17 Zéniths se sont ensuite construits en France, d’année en année. Strasbourg est l’avant-dernier.
Quelle place le Zénith de Strasbourg occupe-t-il dans le réseau Véga, qui gère les Zéniths de France ?
C’est le plus grand Zénith indoor : le fleuron du groupe.
Sa construction était-elle essentielle pour la capitale européenne ?
Cette salle résonne au niveau international, puisque nous allons par exemple recevoir le Dalaï-lama à la rentrée : si elle n’existait pas nous n’aurions pas pu l’accueillir à Strasbourg. Nous y avons aussi reçu Lady Gaga, Muse, Radiohead ou Les Enfoirés. C’est un complément à l’image de marque de la ville européenne.
Avez-vous beaucoup de spectateurs allemands ou suisses ?
Nous faisons des enquêtes régulières à ce sujet. Lorsque nous avons des exclusivités, des gens se déplacent depuis Metz, Nancy, Mulhouse ou Belfort, Dijon même parfois quand les spectacles ne passent pas là-bas.
Concernant les Allemands, j’émets un bémol : les études avaient estimé qu’ils se déplaceraient beaucoup, or finalement ils viennent peu. Ils se déplacent pour les internationaux, pas pour la variété française, qu’ils ne connaissent absolument pas. Cela constitue une difficulté pour nous, puisque cela réduit notre zone de chalandise à 180°, côté français.
Quel est le lien entre le Zénith et les structures culturelles et sportives locales ?
Nous avons fait des retransmissions de rugby, de foot, peut-être que nous ferons l’Euro 2016, qui sait ? Nous essayons, et j’espère que nous y arriverons un jour, d’accueillir un match de basket de la SIG. La première édition du marathon de Strasbourg est partie du Zénith. C’est dans mes gènes le sport : ceux qui veulent faire du sport au Zénith sont les bienvenus, ils peuvent m’appeler !
Nous avons aussi des relations régulières avec l’Opéra national du Rhin ou l’association des Scouts, par exemple. J’aimerais, pour les 10 ans du Zénith, ponctuer l’année de rendez-vous avec les institutions culturelles locales.
Quelle a été votre plus belle rencontre artistique ?
David Bowie et sa femme, sans hésitation. Je les ai croisés sur la scène aux Eurockéennes en 1996 : ils dégageaient tous les deux une énergie incroyable. La rencontre avec Sting aussi, plus récemment, m’a beaucoup marquée.
Avez-vous des sources d’inspiration particulières dans la façon de gérer un espace comme celui-là ?
C’est un lieu de vie. J’essaie de faire en sorte que cette salle soit démystifiée : les gens pensent que le Zénith c’est strass et paillettes, qu’il n’y a que des grandes stars qui s’y déplacent, et qu’ils n’y ont donc pas accès… Or nous sommes ouverts ! Des petits jeunes de Strasbourg sont par exemple venus nous voir pour l’événement NeoCast. Nous accueillons aussi Japan Addict début juin, le salon des Arts en octobre… Nous sommes plus grands qu’une salle des fêtes, mais nous pouvons aussi accompagner les associations dans leurs projets de développement. C’est mon travail, dans la mission de service public qui nous est confiée.
Par Marie Bohner, journaliste
Photos : Henri Vogt
Cet article est extrait du magazine hors-série ADIRA-ZUT ! 2016 dédié à l’attractivité économique de l’Alsace.