Les sites industriels locaux ont-ils le droit d’innover ?
L’innovation est un des moteurs de la croissance pour une entreprise. Lorsqu’il s’agit d’un groupe avec plusieurs unités, la recherche et développement, et l’innovation sont souvent concentrées au siège ou sur un des sites mais très rarement réparties sur l’ensemble des unités.
Pour autant, les unités de production doivent elle se limiter au volet optimisation et innovation dans le process de fabrication, pour être les plus performantes possible ? Quels intérêts pour une unité locale et le groupe d’entamer des actions plus larges d’innovation voire d’open innovation ?
En partenariat avec ACCRO, dans le cadre d’un Creativ+, l’ADIRA a invité une dizaine de responsables de sites industriels à en discuter autour de Julien GUILLAUME, responsable innovation et développement chez Vinci Energies.
Vinci Energies comporte 1600 business units et c’est à ce niveau que se construit l’innovation.
Ce sont autant de managers chefs d’entreprise qui sont en discussion permanente avec leurs clients. L’innovation est la clef pour agir avec ces derniers et elle se construit à cet échelon local.
En outre, l’open innovation est un prérequis, car aucun projet n’est réalisé sans l’extérieur. Autre impératif, le projet doit être systématiquement axé sur le marché. Ce levier « business » permet d’éviter une forme d’« innovation washing ». En résumé, le groupe se pose la question suivante : « de quoi avons-nous besoin pour nos clients et comment être proactif avec de l’innovation ? ».
Les responsables locaux sont appuyés par la direction de l’innovation et du développement qui se positionne en offreur de services vers les directions du groupe. Cette offre consiste à identifier les bons écosystèmes locaux et donner des moyens pour innover.
Ainsi, quand un projet d’innovation apparaît dans le groupe, une pépinière de services, – financement et ressources – peut assurer son développement.
L’objectif est de permettre aux directions locales d’innover sans compromettre la marge du site. Le groupe cofinance ainsi les projets d’innovation de leurs unités locales.
Des « start-up internes » peuvent être créées : des collaborateurs sont placés dans des incubateurs. Ils sortent alors du principe de gestion classique pour développer le projet.
La direction de l’innovation est une petite unité qui reste symbolique au profit de la réalisation des potentialités mises en œuvre par les managers locaux et leurs clients. Pour que cela fonctionne, chaque manager se doit d’intégrer une session innovation dans son plan stratégique.
Un participant a d’ailleurs noté que cette organisation était de l’innovation sociale en favorisant l’expérimentation.
L’objectif a été de créer une dynamique et d’insuffler de la curiosité pour faire progresser les services avec le client.
Laisser ses unités locales s’impliquer fortement dans le process d’innovation et même en être à l’origine ne coule pas de source. Il est nécessaire que la direction générale soit persuadée du bien fondé de cette démarche. Pour Vinci Energies, cela s’est construit pas à pas sans effet d’annonce.
Après une vision très centralisée de l’innovation avec pour objectif une diffusion rapide dans les unités concernées, des groupes (re)découvrent l’intérêt du local qui permet d’expérimenter avec des partenaires : clients, collectivités, universités…
Une inversion de la formule connue « penser global et agir local », vers « le penser local pour agir global », car l’innovation ouverte et les écosystèmes locaux peuvent aboutir à de nouvelles sources de croissance pour les entreprises.