Rencontre avec Laura BURGUN, Directrice Export chez Pierre Lannier

Partenaire fondateur du classement Choiseul Alsace 2025, l’ADIRA s’engage aux côtés des jeunes dirigeants qui façonnent l’avenir économique du territoire. Le classement repose sur une méthodologie rigoureuse, fondée sur l’analyse de divers critères : âge (moins de 40 ans), responsabilités exercées, impact économique, engagement territorial, leadership, et prise en compte des enjeux environnementaux et sociétaux. Forts de notre lien quotidien avec les entreprises du territoire et leurs décideurs, nous avons souhaité valoriser à travers cette série d’entretiens les parcours inspirants des jeunes leaders alsaciens d’aujourd’hui et de demain.

ADIRA : Vous êtes lauréate du classement Choiseul, félicitations ! Pouvez-vous nous donner un rapide aperçu de votre parcours ?
LB : Merci beaucoup ! Passionnée par l’horlogerie/joaillerie et l’univers du luxe, j’ai suivi un MSc en International Marketing & Brand Management à la NEOMA Business School. Au cours de mon parcours, j’ai eu la chance d’effectuer plusieurs expériences significatives au sein de maisons prestigieuses comme Louis Vuitton, Chanel et Raidillon Watches, où j’ai développé une expertise en marketing produit et en gestion de marque.

En février 2022, j’ai rejoint Pierre Lannier en tant que Responsable de zone export, avec l’envie de contribuer au développement de cette entreprise qui fait partie intégrante de mon histoire familiale, car elle a été fondée par mes grands-parents et est dirigée aujourd’hui par mon père. Depuis janvier 2023, j’occupe le poste de Directrice Export, avec pour mission de renforcer notre présence à l’international dans plus de 60 pays, tout en portant les valeurs qui nous sont chères : l’élégance à la française, le Made in France et l’esprit familial qui anime notre maison depuis bientôt 50 ans.

Quelle est votre perception de l’économie alsacienne ?
Pour moi, l’économie alsacienne est un bel équilibre entre tradition et modernité. C’est un territoire où le savoir-faire local a une vraie valeur, porté souvent par des entreprises familiales qui savent évoluer sans renier leurs racines. Il y a une forte culture du travail bien fait, avec une vraie fierté de produire localement, tout en restant ouverte sur l’Europe et l’international. L’Alsace, c’est aussi une économie capable de s’adapter et d’innover, tout en gardant un ancrage humain et territorial fort, ce qui, je pense, fait vraiment sa force et sa particularité.

Pouvez-vous nous parler d’un projet marquant que vous avez mené ?
En collaboration avec mon père, j’ai participé au lancement de la marque « 1977 », une ligne de montres premium qui met en valeur le savoir-faire français. Ce projet a pour objectif de proposer des pièces conçues et assemblées en France, avec 75 à 80 % de composants d’origine française, certifiées Origine France Garantie. Au-delà de son positionnement haut de gamme, la collection reflète notre volonté de relocaliser la production et de valoriser les partenaires industriels français. « 1977 » représente à la fois l’héritage de Pierre Lannier et notre engagement envers une horlogerie ancrée dans son territoire et tournée vers l’avenir. C’est un projet stratégique qui allie tradition et innovation pour renforcer la place de la marque sur le marché international.

Quels sont, selon vous, les spécificités ou les atouts de l’Alsace qui ont favorisé ce projet ?
L’Alsace a naturellement soutenu le développement de la marque « 1977 », avec son tissu industriel solide, un vrai savoir-faire en mécanique de précision, et une main-d’œuvre qualifiée. Sa position géographique, au carrefour de l’Europe, facilite aussi nos échanges internationaux. Produire ici, c’est à la fois valoriser cet ancrage local fort et répondre aux exigences du Made in France, notamment pour la certification Origine France Garantie.

Comment l’ADIRA vous a-t-elle accompagné dans votre parcours ou vos projets ?
L’ADIRA nous accompagne sur nos différents projets à travers les labels « Fabriqué en Alsace » et « Alsace Excellence », dont nous avons obtenu le premier et pour lequel notre demande est en cours pour le second. Ces labels jouent un rôle clé pour valoriser notre savoir-faire local et affirmer notre engagement envers la qualité et l’authenticité alsacienne. Ils renforcent encore davantage notre visibilité ainsi que notre ancrage local.

Comment votre organisation s’adapte-t-elle aux grandes transitions actuelles (écologique, numérique, sociale) ?
Pierre Lannier s’adapte aux grandes transitions en misant sur son ancrage local, son agilité et son engagement responsable. Sur le plan écologique, nous avons relocalisé une grande partie de notre production en Alsace avec un investissement conséquent en 2024. Nous fabriquons aujourd’hui 85% de nos montres dans notre atelier alsacien, nous permettant de valoriser davantage le Made in France. Côté numérique, nous avons accéléré la digitalisation de nos outils et renforcé notre présence en ligne, notamment à travers notre site web. Enfin, sur le plan social, nous valorisons la transmission des savoir-faire, la formation locale et un management humain, fidèle à notre culture d’entreprise familiale.

Comment le fait de vivre en Alsace a-t-il influé sur votre réussite ?
Vivre en Alsace a beaucoup compté dans ma réussite, surtout parce qu’elle allie un vrai savoir-faire, de la rigueur et un fort esprit familial, des valeurs que je partage pleinement. En tant que franco-allemande, j’ai aussi bénéficié de cette double culture qui ouvre naturellement à l’international tout en restant bien ancrée localement. L’Alsace m’a réellement offert un terrain de jeu idéal pour évoluer tout en gardant mes racines bien présentes.

Si vous deviez convaincre un jeune talent de s’installer en Alsace, que lui diriez-vous ?
Je lui dirais que l’Alsace est un endroit unique où tradition et innovation se rencontrent. C’est un territoire qui offre un vrai équilibre entre qualité de vie, dynamisme économique et ouverture à l’international. Ici, on trouve des entreprises familiales attachées au savoir-faire, où les valeurs humaines comptent vraiment. En plus, la position géographique au cœur de l’Europe facilite les échanges et les opportunités à l’étranger. Enfin, il est facile de s’y créer un réseau solide et d’y trouver un vrai soutien pour faire grandir ses projets. En résumé, c’est l’endroit parfait pour apprendre, évoluer et construire son avenir.

Le cas échéant, quels ponts avez-vous créé entre l’Alsace et d’autres écosystèmes économiques ?
Grâce à ma double culture franco-allemande et à mon rôle chez Pierre Lannier, j’ai pu créer des liens forts entre l’Alsace et plusieurs marchés internationaux, notamment en Allemagne et en Europe de l’Est. Ces échanges facilitent la circulation des idées, des savoir-faire et des opportunités commerciales. Je contribue également à développer des partenariats avec des acteurs économiques en Asie et en Amérique Centrale et du Sud, renforçant ainsi l’ancrage international de l’entreprise tout en valorisant notre production alsacienne.

Un mot pour la fin ?
Pour finir, je dirais juste “Envie.” C’est cette envie de continuer à apprendre, à créer et à faire grandir cette belle aventure familiale qui me tient à cœur qui me motive au quotidien.

Un grand merci à Laura Burgun pour ses réponses !