Le risk management est une discipline ancienne encore peu connue du public. Omniprésente dans les groupes cotés et les grandes collectivités territoriales, elle s’installe progressivement dans les ETI et les PME les plus importantes.

Sa vocation finale est simple : maîtriser les risques susceptibles d’empêcher tout organisme d’atteindre ses objectifs, quelle que soit l’activité considérée.

Ces dernières années la discipline a vu ses moyens s’étoffer mais peine encore à entrer dans les PME et la majorité des collectivités. Elle est inexistante dans les TPE et chez les professionnels ; le coût, l’incertitude du retour sur investissement, la complexité du vocabulaire et des outils limitent sa diffusion et donnent une image élitiste à une démarche pourtant indispensable à tous.

La volonté d’étendre l’usage du risk management à toutes les entreprises est à l’origine de la création en 2014 de la startup alsacienne Terrimetrics et de son service au nom évocateur : JeSuisRiskManager. Son créateur, Maxime Durand, est venu nous en parler.

Les risques industriels sont toujours associés aux grandes entreprises. Quels sont les enjeux et comment une TPE ou une PME peut appréhender ces risques ? 

Maxime Durand :  » Votre affirmation est importante. L’association systématique du risque industriel aux grandes entreprises est due à des catastrophes historiques telles Feyzin, Tchernobyl, AZF et autres, dont la médiatisation a mis en évidence les grandes organisations responsables. Le risque semble cantonné à l’industrie et relever uniquement des groupes et des Etats. Or, les grands enjeux dépassent le prisme industriel et touchent toutes les entreprises et les collectivités à des degrés divers.

Quels sont-ils ? Les grands enjeux, pour tout organisme, c’est :

–         le maintien de l’activité, qu’elle soit commerciale ou relevant d’un service public

–         l’atteinte des objectifs

–         la pérennité.

Or, bien des risques menacent ces buts essentiels. Afin de les appréhender, l’organisation dispose de trois pistes pour intégrer le risk management dans sa gestion : le recrutement, la formation ou le recours à un cabinet de conseil. Le recrutement est intéressant dans la mesure où vous disposez d’un « gardien » à temps plein qui insufflera une culture risk management au niveau des collaborateurs et de la direction générale à laquelle il est le plus souvent rattaché. Vous pouvez aussi « upgrader » un salarié en le formant pour lui rajouter la casquette de risk manager ; je pense au cas fréquent du directeur financier ou du contrôleur interne qui prend en charge cette responsabilité. Vous avez un choix assez étoffé d’organismes sérieux et de formations qualifiantes. Enfin, vous avez l’option du conseil et là aussi l’offre de service est pléthorique entre les grandes maisons anglo-saxonnes et les petits acteurs disposant d’un rayonnement plus régional.

Le but final de ces trois options est l’instauration d’une culture de prévention durable dans l’organisme sur l’ensemble de ses niveaux. Cela prend du temps mais c’est essentiel. »

Le risk management demande des moyens financiers ou humains que les TPE et PME n’ont peut être pas. Quelles solutions envisager : un salarié à temps partagé, un consultant.. ?

« Il y a en effet une barrière. Les services existants sont mal dimensionnés pour les TPE et les PME. Du coup, des milliers d’entreprises n’ont pas de solution simple, adaptée à leur taille et réellement efficace.

Recruter un risk manager représente un budget important pour une TPE ou une PME (40 K€ annuel avec une petite expérience) et le risque d’avoir un collaborateur sous-employé qui finira par se lasser et s’en aller. Le temps partagé avait été imaginé pour répondre à ces inconvénients. Répartir le coût salarial et le temps de travail était astucieux sur le papier mais s’est révélé une fausse bonne idée car la dimension stratégique du poste pose un problème évident pour les dirigeants qui rechignent à voir leur risk manager travailler chez un concurrent.

L’appel à un consultant est une autre alternative, mais la charge est à la fois financière et en temps passé, car la disponibilité des gens dans les PME est souvent limitée. Et quand ils sont un peu plus disponibles, c’est le soir ! De plus le coût d’une mission doit être perçu comme annuel car il est nécessaire de refaire l’exercice chaque année, au moins sur certains points critiques ou lors de changements majeurs dans l’organisation. Il y a donc là un double sujet à régler, le coût et la flexibilité d’une mission.

J’avais évoqué la formation. Outre les universités et les grandes écoles, il existe des  programmes diplômants, certains issus de packages anglo-saxons, qui certifient après un examen l’aptitude du collaborateur à mettre en place une organisation de risk management dans son entreprise. Je n’ai pas la prétention de connaître par cœur tous ces programmes mais leurs faiblesses sont faciles à cerner : le coût, le temps requis, la technicité et surtout la difficulté qu’éprouvent les participants à mettre en pratique un contenu très théorique, limitent considérablement leur diffusion dans le monde des PME.

Or la tendance est à un accroissement de l’exigence en matière de maîtrise des risques au niveau des PME. Et beaucoup d’entrepreneurs ne la voient pas venir. Il y a des signaux pourtant : la posture des banques, l’évolution de la norme ISO 9001-2015, la pression des donneurs d’ordre sur leurs sous-traitants… C’est en réponse à cet écart entre l’offre et l’évolution des attentes que nous avons développé la solution JeSuisRiskManager. »

Quel est l’intérêt de la solution JeSuisRiskManager développée pour les petites entreprises?

« J’ai longuement étudié l’offre existante, j’ai rencontré des acteurs du conseil, de la formation et j’en suis arrivé à une conclusion presque stupéfiante : la plupart des intervenants en risk management sont, par leur culture, leur éducation, leur expérience éloignés de la compréhension des TPE et des PME qu’ils assimilent souvent à un marché peu porteur et pour cause : leur offre n’est pas compatible avec cette catégorie d’utilisateurs.

Je me suis alors demandé : que faudrait-il concevoir ? Je suis parti sur plusieurs itérations soumises ensuite à des assureurs, des experts comptables, des entrepreneurs dans divers métiers. J’ai beaucoup écouté leurs préoccupations, quelle serait selon eux l’application « idéale » et, au fil des mois, j’en suis arrivé à un cahier des charges très simple : une solution web, ergonomique, d’utilisation flexible, qui ne requiert aucune connaissance préalable en risk management mais qui reproduise exactement le travail d’un risk manager, en partant de l’identification collective des enjeux jusqu’à la responsabilisation des collaborateurs dans l’exécution du suivi. Et tout cela à un prix accessible à tous pour que chacun puisse en profiter quel que soit son budget. »

Comment est venue l’idée de créer une start-up ?

« L’idée de la startup est venue en 2014 à partir du constat qu’il n’était pas possible d’approcher les TPE – PME avec une approche traditionnelle. Il fallait privilégier la flexibilité, la simplicité et le coût et pour cela il fallait créer un service en ligne. Le principe de JeSuisRiskManager était né mais je devais imaginer une application respectueuse de la feuille de route initiale, avec un scénario reprenant la mission d’un risk manager qui plaise aux utilisateurs.

Un second point majeur est apparu, l’aspect technique. Il fallait un expert du développement, sensible à l’interaction entre l’utilisateur et un environnement digital. J’ai alors fait appel fin 2014 à Stéphane Becker et sa société Method in the Madness. À compter de juillet 2015 et durant des mois, nous avons peaufiné la naissance de cette application. Nous en sommes très fiers.

Pour m’assurer que le plan était pertinent, j’ai présenté l’idée auprès d’un maximum de personnes un peu partout en France. J’ai rencontré, je pense, la plupart des acteurs alsaciens relevant du numérique et d’organismes connexes impliqués dans le sujet : associations, assureurs, entrepreneurs, auditeurs, j’aimerais en citer certains tant ils ont été précieux ! J’ai beaucoup apprécié la qualité globale du maillage d’accompagnement en Alsace. »

Quelle a été la valeur ajoutée de l’ADIRA pour mener à bien le projet ?

« L’ADIRA m’a été recommandée dès 2014. J’ai fait dans ses locaux l’un de mes premiers pitchs. Je dois saluer l’écoute qui m’a été accordée car le sujet était en maturation et pas encore d’une clarté limpide ! Puis, début 2015, j’ai repris contact. L’ADIRA m’a proposé de m’accompagner auprès de dirigeants afin de tester le cahier des charges. Quel investissement ! À chaque étape, elle a suivi le projet d’une oreille attentive, disposée à m’ouvrir son réseau pour continuer à valider le projet. J’ai toujours été très bien accueilli et encouragé, que ce soit par ses collaborateurs et même la direction générale. Ce fut déterminant pour la suite. »

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